mardi 31 juillet 2012

[Livre] "Extrêmement fort et Incroyablement près" de Jonathan Safran Foer



"Extrêmement fort et Incroyablement près" de Jonathan Safran Foer
Editions : Points


En quelques mots : Oskar  9 ans, surdoué, ultra sensible est depuis la mort tragique de son père dans une des 2 Tours du World Trade Center bourré de peur et de tocs. Un jour il découvre une clé et se persuade que c’est un dernier message caché de son père. Une quête qui l’entrainera aux 4 coins de la ville et qui l’amènera vers des révélations inattendues.

  • En deux mots : quête & révélation
  • En une question : la peur fait elle avancer ou stagner ?

Intriguée depuis quelques mois par ce livre, en fait depuis sa sortie au ciné l'année dernière, je me décide enfin à le lire car la sortie du DVD est enfin là. Et quelle surprise ! Quelle belle surprise !  Le moins que l’on puisse dire c’est que Jonathan Safran Foer maitrise complètement l’art du rythme  et de l’intrigue.

En effet, "Extrêmement fort et Incroyablement près" de Jonathan Safran est une surprise. Je dois dire que j'ai commencé ma lecture un peu laborieusement, mais finalement j'ai eu quelques coups de cœur rapidement comme le bracelet en morse qu’il fait à sa maman… Ce livre vous attrape l'air de rien, au fil des pages, il intrigue d'étape en étape, la mécanique de l'histoire se révèle alors pleine de sens... Il porte extrêmement bien son nom et se révèle incroyablement touchant. (Trop flagrant je sais mais non moins vrai...)

En quelques mots, Oskar est un petit garçon de 9 ans qui a perdu son papa deux ans auparavant dans le terrible attentat du World Trade Center. Enfant unique, il partage sa vie entre sa maman, sa grand-mère et toutes les personnes qu'il peut croiser. Oskar a beaucoup d’ami de tous les âges de tous les horizons, de tous les âges. Sans barrière sociale ni de sexe il lie contact très facilement. Petit garçon surdoué, il a depuis le décès de son père développé quelques tocs. Pour contrer ses peurs, il trouve à sa façon des solutions de secours,  comme s’habiller de blanc, agiter son tambourin lorsqu’il a trop peur, éviter les ascenseurs, les métros, ou encore répondre toujours la même chose à sa grand-mère lorsqu'elle prononce son prénom, ou sa façon d'utiliser régulièrement des mots en France, symbole du dernier voyage partagé en famille… Mais un jour une trouvaille va bouleverser son quotidien. Dans la quête d'un dernier message que lui aurait laissé son père, il trouve un jour une clé cachée dans un vase.  Cela ne pourrait désintéresser la plupart des gens, mais Oskar depuis son plus jeune âge partage avec son père des énigmes, des jeux de pistes et de logiques... Faisait elle partie du jeu de piste qu'il était en train de faire lorsque son père est mort et qu'il n'a jamais pu finir?.... Oskar part à la recherche de la serrure qui appartient à cette clé....

Très vite donc, nous partagons la quête d'Oskar, nous partagons ses réflexions, ses rencontres... Mais l'on partage également les souvenirs et les mots de sa grand-mère et de son grand-mère. Chaque point de vue s'alternant dans un rythme harmonieux et jamais trop frustrant ménageant des pauses et un certain mystère...

Au début du livre puisqu’il est question de jeu de piste, de quête, de mot clé. Je me demande rapidement si les mots « incroyablement » et « extrêmement » répétés à de nombreuses reprises n'ont  pas un sens caché. Mais je m'arrête finalement assez vite de les relever, il y en trop pour que cela n'est un autre sens que de démontrer qu'Oskar est atteint de tocs, des tics de langage, des tics de narration.  Et qu'ils sont pour Oskar des véritables points de repères. En effet, lorsque c’est lui qui reprend le récit on les notes éparpillés ici et là. Sans être toutefois trop répétitifs...
Mais Oskar ouvert sur le monde et sur les autres est aussi plein de secrets, il garde au départ, sa trouvaille, sa quête et surtout le téléphone et les derniers messages de son père (on le sait très vite, je ne spoile ici presque pas). Il alterne subtilement secrets et confidences, tout comme les personnages qui l'entoure...

Tout me touche ou presque dans Oskar, ses tics, ses peurs, ses automatismes, les choses qu’il retient, ses actes. Toutes ses lettres qu’il écrit à ceux qui compte pour lui, les choses qu’il remarque des autres, des attitudes que peuvent avoir ses proches... Coup de cœur pour les lettres retour qu’il reçoit à toutes celles qu’il poste aux personnalités qui le touche, notamment celle de Ringo Star, les photos qu’il prend, les choses qu’il invente. Oskar est profondément attachant…

Tout me touche dans chacun des personnages présentés. Le silence du grand-père et ses mains tatouées, l’amour de la grand-mère, inconditionnel et constant, les fiches de Mr Black, la visite de l’Empire State Bulding de Mme Black, le locataire imaginaire de la grand-mère… De vraies belles histoires, de vraies belles rencontres...

"Extrêmement fort et Incroyablement près" évoque aussi tout ce que l’on peut parfois noter l’air de rien et qui reste en nous, comme ici le fer qui compose l’être humain (1 clou de 2cm et demi), les couleurs que l’on écrit de la couleur dont on l’écrit… Oskar lui a besoin de faire le lien avec toutes choses comme « J’avais besoin de faire quelque chose, comme les requins qui meurent s’ils ne nagent pas. », lorsque qui croise une femme qui pleure il se dit « il n’y a que les humains qui pleurent ». Des faits insolites et originaux qui savent piquer la curiosité en même temps que la sienne.
Question curiosité, on est ici vraiment servi, comme Oskar avec son père on se met à se demander si l’auteur n’a pas caché des indices le long du livre. On reste vigilant en alerte et finalement Jonathan Safran Foer nous distille les indices par astuces, par phrases clés. On se rend compte que les choses sont subtilement liés. Il est malin je vous le dit ! Des passages astucieux qui créent une gymnastique de l’esprit vraiment agréable et sympathique. Des associations qui permettent des associations d’idées. Le petit fils qui cherche, le grand-père qui a tant à dire mais qui ne parle pas, une grand-mère qui n’y voit rien, mais plus qu’on ne croit, une mère absente, qui se fait discrète... Certaines phrases interpellent plus qu’une autre pour le peut qu'on y fasse vraiment attention. Je pense ici à des phrases comme « Tu comprends, j’ai fait semblant d’être un monstre et j’en suis devenue un . » lorsque la grand-mère lui rappelle la fois où en jouant avec lui il s’est ouvert la lèvre par une chute maladroite. Ou lorsque le grand-père écrit dans la main de la grand-mère et qu'elle lui dit « J’aurais voulu le gifler avec ses mots. » ou « Des choses se passaient autour de nous, mais rien ne se passait entre nous. »...

Tout au fil de la lecture, on ne peut être qu’émotion et profondément touché par ses 3 histoires qui se révèlent être plus compliqués et à la fois peut-être plus simple qu’attendu. Une logique discrète. L’auteur nous donne les clés, mais n’ouvre les portes que peu à peu. De page en page les révélations sont faites. De vraies surprises pour moi, je vous laisse ce même étonnement que j’ai adoré vivre. Certaines sont vraiment géniales et émouvantes… Pour certaines je n’ai rien vu venir… On comprend tout au même rythme qu’Oskar, on réagit en même temps que lui. Un régal à découvrir, à lire…
Les dialogues sont soignés et précieux, tout ce que j’aime ! Les répliques sont génialement liées entre elles et l’histoire… Et je note et apprécie vraiment beaucoup la mise en avant et l'importance du courrier que donne l'auteur à son histoire... Si personnelles et si belles, les lettres manuscrites deviennent ici indispensable au récit. Des liens familiaux se créent autour d'elles, Oskar qui envoie ses lettres, la grand-mère qui réclame des lettres à tout ceux qui l’entoure, le grand-père qui écrit des lettres mais que ne les envoie jamais…

Un livre sur les liens, l’amour, la quête, les siens, les secrets, les confidences, la famille, l’héritage. Mais qui nous rappelle qu’aussi intelligent que soit Oskar, les sentiments gardent leurs mystères… On ne voit jamais vraiment ce qui est juste à côté de nous, ou rarement. Mais surtout « Extrêmement fort et Incroyablement près » est un livre qui nous rappelle que l’on ne sait JAMAIS quand c’est la dernière fois que…
Bref j'ai juste envie de tester le mail donné d’Oskar pour vérifier si il n’est pas au bout de cet email ou regarder les touches d’un clavier numérique pour voir ce qu’a voulu dire le grand père au téléphone…
Car comme toujours lorsque l’on rencontre des personnages attachants et une belle histoire, la frustration de les laisser sur un point final et une page blanche… Mais je n'en dis pas plus, lisez le... vous ne le regretterez pas d'avoir rencontrer Oskar et sa famille.


8/10

En bref : un petit livre qui se révèle extrêmement touchant et plein de surprise. Un livre que l’on croit deviner au fil des pages et qui finalement prend des chemins inattendus…Alternant les points de vue entre 3 personnages il répond à toutes les attentes ou presque…

Morceaux choisis / Citations :

« quoi qu’il en soit, le truc hallucinant, c’est que j’ai lu dans National Géographic qu’il y a plus de gens vivants aujourd’hui qu’il n’en est mort dans toute l’histoire de l’humanité. »
« mes yeux ne valent pas tripette »

« La timidité c’est quand on détourne la tête de ce que l’on veut. La honte c’est quand on détourne la tête de ce que l’on ne veut pas. »

« On ne peut se protéger de la tristesse sans se protéger du bonheur »

« J’ai si peur de perdre ce que j’aime que je refuse d’aimer quoi que ce soit »

« C’était une clé bizarre, évidement la clé de quelque chose d’extrêmement important ».

« Je l’ai touchée incroyablement doucement. »

« Il a croisé les bras et mis les mains sous les aisselles, chez lui c’était comme si il les mettait sur sa bouche »

« Elle est à la maison en ce moment, elle rédige l’histoire de sa vie, elle tape à la machine pendant que je m’en vais, sans se douter des chapitres à venir. »

« Je m’étais niché incroyablement près de lui, tout contre (…) »

« Je te raconte tout cela parce que je ne serais jamais ton père et que tu seras toujours mon enfant. »

« Je me suis senti, ce soir là, sur cette scène-là, sous ce crâne là, incroyablement près de tout ce qu’il y a dans l’univers, mais aussi extrêmement seul. »

« Ce secret était un trou au milieu de moi dans lequel tombaient toutes les choses heureuses.»

« Je voudrais un papa plus intelligent que le New York Times »

« J’ai tenté d’apprendre des choses sur lui comme il tentait d’apprendre des choses sur toi. »

« J’essayais de détruire le mur qui me sépare de ma vie du bout du doigt, une touche à la fois »

« Je suis sûr que les gens vous le disent constamment mais si vous cherchez « incroyablement belle » au dictionnaire, il doit y avoir une photo de vous. »

« Il parlait de son bonheur, de sa tristesse, de toutes les choses qu’il aurait voulu faire sans jamais les faire, et de toutes celles qu’il avait faites sans vouloir les faire. »

«  - Tu avais de la chance d’avoir un père comme ça. Je donnerais ma clé pour avoir un père pareil.
-       On devrait pas à avoir à choisir entre les deux. »

« J’ai ouvert la main gauche parce que je savais que si j’essayais de dire quelque chose j’allais pleurer encore une fois. »

« Mieux vaut perdre que de ne jamais avoir eu.  J’ai perdu quelque chose que je n’ai jamais eu. »
« J’ai inventé un livre qui contenait tous les mots de toutes les langues. Il ne serait pas très utile, comme livre, mais on pourrait le prendre et savoir qu’on tient entre ses mains tout ce qu’on ne pourrait jamais dire. »

Mon avis sur le film à venir…

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