vendredi 19 octobre 2012

[Cinéma] "Looper" de Rian Johnson




"Looper" de Rian Johnson
Sortie en France le 31 Octobre 2012 
Chez SND 

En quelques mots : Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les « Loopers ») les éliminent. Joe est l’un d’entre eux, il exécute sa tâche de manière mécanique avec un seul but, amasser le plus d’argent possible en profitant des plaisirs de la vie en attendant de partir pour la France… Un jour, il découvre que ses collègues « Looper » se retrouvent l’un après l’autre à devoir exécuter leur double du futur. Devinant que son tour approche, Joe devient nerveux, jusqu’au jour où il se retrouve face à lui-même, avec 30 ans de plus. La machine jusqu’ici bien huilée déraille…


  • en 2 mots : choix & destin
  • en 1 question : Est ce un choix ou un destin ?


SPOILER MINIMUM (long billet mais il y a tellement à dire !)


« Looper » de Rian Johnson n’est pas une adaptation, mais franchement mine de rien, il faut un bon sens de l’adaptation pour comprendre toutes les subtilités de ce film et les différents thèmes abordés à la première vision de ce film assez unique en son genre.

Je vous passe tous les jeux de mots sur le mot « Looper » mais vraiment il aurait tout aussi bien s’appeler « Looping » !  Il n'y a pas à dire Rian Johnson, à la caméra et au scénario, est un petit (grand) génie de la mise en scène et des rebondissements scénaristiques. J’ai d’ailleurs à plusieurs reprises sursauté. Mes voisines de fauteuils peuvent en témoigner les pauvres… Tellement prise dans le film que, comme à ma bonne ( ?) habitude, je suis complètement imergée dans le film que plus rien n'existe !
Mais là pour le coup je vais un peu vite…


Rian Johnson a su concocter la recette idéale et parfaitement équilibrée pour nous livrer un film efficace et réussi : une histoire forte à multiples rebondissements sur fond de SF avec une pointe de violence (une scène très forte arrive dès le début du film et une autre insoutenable au 3/4), une pincée d’humour (ici et là), une mesure de suspens (en permanence) et de voyage dans le temps (dans un rythme idéal)… Le tout dans une mise en scène quasi idéale, un rythme juste et un casting qui frôle la perfection...

Comment vous dire à quel point j’ai aimé "Looper" sans souligner les points importants, sans vous dévoiler l’intrigue du film ? Mission presque impossible...
J’ai tout aimé. Tout ! 1h50 qui sont passé comme 10mn… Un film qui aborde tellement de thèmes que l’on ne s'en rend compte qu’en analysant ses ressentis bien après projection.

Oui, « Looper » est un film qui vous poursuit bien après l’écran blanc de fin de projection. A coup de « mais au fait ? », « mais oui ! », « et si ? ».
« Looper » est fait pour ceux qui aiment l’action, le suspens et dont la gymnastique spacio-temporel et le jeu du qui est qui, sont un régal. 

Comme dit plus haut, "Looper" est une mine de bonnes idées qui offre différentes lectures à plusieurs niveaux, selon les points de vue des personnages ou selon l'avancée de l'histoire. Un film plein de sens où le mal et le bien s’entremêlent et qui nous pousse à une unique réflexion : "Qu'est ce que je ferais à sa place?". Et nous questionne sur le destin mais surtout sur le face à face que l'on a tous avec son destin et les choix que nous faisons. Franchement que feriez vous si vous vous retrouviez face à vous-même de 30 ans plus vieux ? L’envie de tout savoir ? ou justement ne rien faire, ne rien demander pour ne rien changer ?

Un scénario qui aborde justement tous les points de vue, que ce soit avec le Joe de 2044 (Joseph Gordon Levitt) ou le Joe de 2072 (Bruce Willis). Joe/Joseph est un jeune homme qui exécute ce qu'on lui demande de faire de manière automatique, c'est tout ce qu'il connaît, son univers et ses seuls amis sont eux-même loopers... Et le seul homme qu'il respecte est son boss, Abe (Jeff Daniels) qui a su lui tendre la main, lorsqu'il était enfant... Joe/Bruce, lui,  la vie et les 30 dernières années écoulées ont fait de lui un autre homme. 

D'ailleurs, là où Rian Johnson, pour moi domine, c'est qu'il n’a pas oublié d’aborder l’importance du souvenir… L’impact du souvenir sur nos émotions et ce que nous sommes. Quel bonheur, pour une fois qu’il soit clairement traité dans les sauts dans le temps. Tout comme l’impact de ses actes du présent sur son futur... Sujet qui peut facilement être casse gueule, mais ici aucun oubli, tout cela est fait vraiment astucieusement… L'effet papillon et les répercutions de ses actes sont très bien traités.

Le souvenir est un thème important, mais tout autant que le thème du "choix" ou de l’adaptation. L’adaptation de l’homme dans des situations extrêmes et les choix que l’on fait dans son face à face avec la vie. Son destin. Les rencontres qui changent une vie, des vies, sa vie…
La force du destin. Et ici pas seulement le destin de Joe notre héros... Chaque personnage, même secondaire ayant son importance...

"Looper" au delà des sentiments et des hommes est aussi une vision du futur. D'un futur pas si lointain...
Une chose est sûr, le futur de Rian Johnson s’en être des plus sombres, n’est pas très optimiste, ni franchement des plus "moderne" que ce soit dans la version 2044 ou 2072… Une technologie pas très élaborée, le digital certes, mais rien de bien nouveau, mise à part peut être un téléphone en plastique ou cette moto qui vole en mode « avatar », ou « Retour vers le futur 2 ». Un futur plutôt lugubre donc, tout y est vétuste et rouillé. Tout semble fait de bric et de broc dans une ville pauvre et désolée…Les années 2070 ne sont pas meilleures, même si Joe (Bruce Willis) évolue dans un univers plutôt écolo avec maison de bois… Je note cependant un vent de nostalgie dans ses 2 futurs qui ne sont pas pour me déplaire...

La mise en scène est assez simple, mais aussi par moment très old school, avec des gros plans sur des objets inertes et les personnages en fond un peu flou ou des gros plans assez troublants. Un petit bijou où l’on sent bien que tout a été pensé avec beaucoup de soin. Et avec pour moi un joli clin d’œil avec le  look de Joe « jeune » qui n’est pas sans me rappeler une certaine classe des années 1960/70 qu’il souhaite justement incarner… Et puis j’ai adoré le détail de la montre…(Je dis ça je dis rien...)

On découvre donc dans un rythme idéal, le présent de Joe et son avenir, dans une alternance très bien équilibrée, nous permettant de bien cerner progressivement les profils des deux Joe. L’un jeune et égoïste, l’autre dans la rédemption suite à la rencontre de l’amour de sa vie...

Encore une fois, difficile de parler de « Looper » sans trop en dire…
Et je ne veux définitivement surtout par trop en dire. Car tout fonctionne par les surprises que réservent le film, mais je peux vous dire que la valse des émotions est là : on est tour à tour, dans l’attente, la découverte, la tendresse, le charme, le dégoût, la violence, la trahison, le doute, et l’espoir. (attention ce n’est pas dans l’ordre du ressenti). 

Certains diront que "Looper" aborde finalement des thèmes simples : l'amour, les choix, les trahisons, le destin. Certes... mais que c'est bon quand c'est aussi bien traités !...


A noter un vrai, petit bonheur pour moi dans ce film : la French Touch !
Entendre parler Joseph Gordon Levitt en Français… comment dire ??... –Soupir- et Bruce Willis… piouuuu, pas à dire c’est glamour ! Les filles me comprendront ^^.  

Et puis l’humour aussi… Quelques petites touches qui nous permettent de nous détendre un peu complètement pris dans un rythme incessant. Vous comprendrez en voyant le film.


Et puis, Rian Johnson nous offre un final que je ne peux pas, bien sûr, révéler mais qui est fichetrement bien foutu. C’est d’ailleurs bien frustrant de ne pas en parler plus ici. Le dernier tiers du film est haletant ! ...
Spoiler : (surligner avec la souris le texte qui suit pour le découvrir)
Vous êtes sûrs? Bien, j'ai un gros coup de coeur pour un petit garçon aussi épatant qu'effrayant, le petit Cid. Pour moi absolument sidérant dans son rôle et dans son jeu d’acteur. Une découverte, un diamant à l’état brut. A un point qui donne un poil froid dans le dos. Pierce Gagnon est une découverte…



Enfin, comment ne pas parler de "Looper" sans évoquer le travail incroyable fait sur le maquillage ? Bluffant ! Voir perturbant. On oublie complètement par moment que Joseph Gordon Levitt est derrière ce personnage. Quelle prestance, quelle mimétisme ! je vous le redis BLUFFANT jusqu’aux mimiques de Bruce Willis, petit sourire et yeux plissés. Jusqu’à même une cicatrice à l’oreille. Franchement douteuse au départ, je suis tout le long du film épatée par la ressemble qu’il y a entre eux. Gros coup de coeur justement pour un face à face à découvrir entre les deux acteurs qui vaut son pesant de cacahuète. Un régal ! Leur duo fonctionne à merveille. Joseph Gordon Levitt incarne parfaitement ce jeune homme fier et sûr de lui qui se retrouve déstabilisé quand le sentiment surgit. Je suis sous le charme... C'est également avec plaisir que je retrouve le Bruce Willis que j'aime (mixte entre Die Hard et Claire de Lune) parfait dans l'action et le flegme tranquille... Carrément bouleversant dans une ou deux scènes. Mais chut...

Le reste du casting est remarquable avec un Jeff Daniels, formidable dans le rôle inattendu du méchant, Abe. Noah Segan est exemplaire dans le rôle de Kid Blue, gangster qui veut faire sa place parmi l’élite mais qui reste bien malchanceux et Paul Dano est parfait, dans son interprétation du meilleur ami de Joe, Seth…Sans oublier mon coup de coeur qui se confirme pour cette actrice Emily Blunt, très juste en mère courage...

Un mot sur la bande son qui porte le film avec tellement de justesse qu'elle se fait presque oublier tellement plongée dans le film et tellement adéquate et légère par rapport à l’action.

Futur, passé, présent où tout s’emmêlent pour finalement prendre complètement sens.
Alors oui bien sûr « Looper » fait référence à beaucoup de film : « Retour vers le futur » pour l’histoire, « Volte/Face » pour la performance INCROYABLE de Joseph Gordon Levitt et Bruce Willis, « Matrix » pour les traqueurs,  ou même « L'armée des 12 singes »  ou « Terminator », bref on y voit les films de ses propres références. Certains y verront même un western moderne.  J’y ai même vu un petit air de « Superman », (Kansas, truck, campagne…) si, si… mais « Looper » reste UNIQUE. Une claque, une bonne surprise, un nouveau souffle dans le cinéma. Assurément une référence du genre vient de débarquer.

[Spoiler] (petit spoiler mais spoiler quand même sur 3 tout petit bémols)

Juste donc des tout petit bémols... Il en faut bien..., je sais que 2044 n’est pas si loin, mais vraiment le Kansas évolue si peu ? une vieille maison, à l’intérieur vieillot et la voiture si cliché du truck rouillé, vraiment ?...Et l’histoire un peu facile entre Joe (Joseph Gordon Levitt) et Sara (Emily Blunt)? C'est pour avoir le quota de bisou/calin? Bon cela fonctionne très bien, heureusement, mais de prime abord facile et mal amené, elle amène un peu de lumière sur le passé de Sara… Et puis, Emily Blunt très bien dans le rôle, pourra peut être vous rappeler une certaine Sara Connors…

Juste aussi j'aurais peut-être plus aimé voir plus développé l’histoire de Jeff Daniels, ou de Cid.
Mais oui j’avoue, je suis tatillonne là parce que vraiment le reste emporte le tout…


Quête ultime et doux rêve de certain, le voyage dans le temps à le désavantage de ses avantages. Qui sait vraiment ce qui pourrait se passer si on s’en servait. Rian Johnson a son avis. Je vous laisse le découvrir.

L'info principale de ce billet est finalement que "Looper" fait clairement parti de mon top 10 des meilleurs films de l'année.

COURREZ Y ! Limite je vous interdis de découvrir ce film en dehors d’une salle de cinéma. Looper se vit pleinement immergé dans le noir face un écran de cinéma. J'irai le revoir avec grand plaisir !


En bref : Looper valse avec le temps et nos sentiments. Thriller SF épatant et bien rythmé. Le destin a rdv avec Joe. JGL est bluffant en B. Willis !



[Morceaux choisis / Citation : ]

"La cible est effacée du futur. Et je tue un homme qui n'existe pas encore."

"Une seule règle, ne jamais laisser filer la cible."


Pas d'autres citations parce que toutes celles que j’ai pu noter sont bien trop liées à l’intrigue ou au dénouement du film…


Mais quelques répliques sont vraiment savoureuses. Vraiment…








[Bonus une magnifique affiche Collector]


P'tites infos + (source): 

Retrouvailles
Looper marque la troisième collaboration entre le réalisateur Rian Johnson et le comédien Joseph Gordon-Levitt. Ils avaient en effet déjà travaillé ensemble sur Brick (2005) et sur Une arnaque presque parfaite (2008), dans lequel l'acteur faisait une brève apparition.

Maquillage
Sachant que dans Looper, Joseph Gordon-Levitt interprète une version jeune du personnage de Bruce Willis, de nombreuses séances de maquillage ont été nécessaires à sa transformation : tous les matins, il passait ainsi trois heures entre les mains de professionnels chevronnés ! Il s'est également fait poser des prothèses, et ses yeux ont ensuite été numériquement modifiés pour qu'ils aient la même couleur que ceux de son aîné. Cependant, Rian Johnson précise :"On savait bien que le personnage de Joe ne ressemblerait pas exactement à Bruce Willis jeune. On a donc simplement isolé quelques caractéristiques essentielles de sa physionomie". Apparemment, cela a suffi à impressionner le héros deDie Hard, puisque Joseph Gordon-Levitt déclare qu'en voyant le résultat, "Bruce a un peu flippé". Sa partenaire à l'écran Emily Blunt a également été impressionnée : "En arrivant pour la première fois sur le plateau, j'ai à peine reconnu Joseph !", s'exclame-t-elle.

Parole de Bruce
Bruce Willis himself a été impressionné par la performance de Joseph Gordon-Levitt. Le comédien raconte une anecdote à ce propos : "On était assis à une table et Joe était en face de moi, j'étais censé lui donner la réplique, mais tout à coup, je me suis surpris à le regarder et j'ai eu un sentiment étrange : c'est vraiment bizarre d'avoir quelqu'un en face de soi qui vous ressemble, mais en plus jeune. C'est un formidable acteur : j'adore sa manière de travailler et je suis emballé par son jeu dans ce film. Il a réussi à adopter mon phrasé et mon élocution, ce qui était à la fois étrange et vraiment judicieux". Le réalisateur Rian Johnson évoque également ce moment : "On avait ces deux grands comédiens, assis l'un en face de l'autre, qui étaient en pleine discussion, et c'était un spectacle enthousiasmant. On se rapprochait de la fin du tournage et, jusque-là, on avait surtout travaillé avec Joe et Bruce séparément, si bien que c'était exaltant de les avoir réunis dans la même scène", s'exalte le cinéaste.

page facebook du film : ICI
(Merci beaucoup à SND Films pour cette découverte en avant-première !)

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